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J'ai renoncé à descendre chercher le pain

Une bien belle poésie par Olivier G. Milo, publié dans la revue Squeeze, numéro 7. Vous pouvez télécharger la revue. C'est gratuit, et plein de bonnes choses dedans.

 

 

Ici, l’horizon n’existe pas. L’espoir non plus. Il a depuis longtemps enjambé les balcons.

Et les types le suivent...

Voilà que naissent les ombres filantes, tombant sur quelques bouts de ciel perdus dans les flaques.

Juste un ramassis de reflets furtifs, bougeant la poussière, sur des fenêtres à jamais closes.

Ce matin encore, un homme a sauté.

Un appartement se libère.

 

Toute l’après-midi, les gosses ont joué à traîner un moteur. Il ne manquait plus qu’un chien à trois pattes, et je serais descendu prendre une photo.

Une photo en noir et blanc ; pour faire quart-monde.

 

Il y a deux jours, j’ai renoncé à descendre chercher le pain ; l’ascenseur pue la pisse.

C’est peut-être pour ça que les gens se jettent par-dessus les rambardes...

De toute façon, l’escalier est une torture, il n’y a plus de rampe et plus d’humanité.

C’est ici que les gamins déchirent leurs cahiers et que les semelles glissent sur des seringues.

 

I have a dream

Moi aussi, mais c’était il y a longtemps...

 

Le soir vint, comme tous les soirs, frottant les couleurs de son large chiffon sale. Et je refusais toujours d’écrire de la poésie. Je crois d’ailleurs qu’elle était morte, hier, dans le dernier coup de poing d’un homme saoul.

La cloison hurle encore. Les yeux se ferment. Le béton est une peau contre-nature.

 

 

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